L’autel

L’autel est le point central et focal pour tous les fidèles. Il est, pour toute la communauté qui célèbre, le signe permanent de la présence du Christ Sacerdoce et Victime. C’est la table du sacrifice et du repas Pascal[1]. Il doit  toujours être bien visible et digne pour permettre à tous les fidèles de se sentir spontanément appelé à faire un avec lui et à prendre part à l’action liturgique qui s’y déroule.

L’autel est donc “le centre de l’action de grâce qui s’accomplit pleinement par l’Eucharistie[a]” et autour duquel, en quelque sorte, s’organisent les autres rites de l’église.[b]

C’est à partir de lui que doit être pensé l’ensemble des aménagements des espaces sacrées.

Placé dans l’espace du sanctuaire il est disposé de manière à pouvoir en faire aisément le tour.[2]

La commission épiscopale liturgique précise, dès 1965, que « Si le prêtre doit pouvoir célébrer face au peuple, il n’est pas indispensable qu’il le fasse tous les jours. Quand il célèbre, en semaine, sans assemblée il peut légitimement souhaiter célébrer sans avoir sous les yeux une nef vide. Aussi convient-il de prévoir des deux côtés de l’autel un marchepied assez vaste pour qu’on puisse célébrer dans les deux positions.[3]

Il est intéressant de remarquer que la célébration ad-orientem n’est pas mentionnée dans la PGMR. Il semble que les pères conciliaires partent du constat de l’époque : toutes les églises ont un Autel Majeur fixe qui ne permet qu’une seule orientation. Le nouvel Autel (précisons ici que les indications prévoient la possibilité de conserver le premier, en y installant un petit tabernacle) doit permettre de célébrer face a l’assemblée. Tout en pouvant y faire aisément le tour. La position nouvelle est donc celle face au peuple qui vient compléter la disposition d’usage de l’époque, et non pas la remplacer.

La période postconciliaire, a montré la violence et le peu de réflexion sur cette question qu’on fait preuve les célébrants et architectes.

L’autel ne cherche pas, dans ses dimensions, à être en proportion avec celles de l’espace du sanctuaire où il est placé. Il doit assurer la fonction de « point focal » de l’espace liturgique avec des dimensions raisonnable et celui de centre de l’action sans être forcément le centre « physique » ou  « géométrique » de la composition architecturale.

Ses dimensions doivent faciliter l’accomplissement des actions liturgiques par les célébrants.

Les autels apparaissent souvent, immenses. On pense que, plus nombreuse est la foule, plus grand doit être l’autel. L’histoire contredit cette idée, car l’autel a toujours été un élément petit et humble. Nous savons des Père de l’Eglise et de saint Augustin que ces autels étaient de taille réduite. Car la liturgie voit la beauté dans la noble simplicité des petites choses. [4]

Jusqu’à ces dernières années un autel était conçu comme un volume sacré qui devait, à lui seul, meubler le sanctuaire. Si l’on avait développé aussi considérablement sa longueur, c’est que le célébrant s’y tenait durant toute la messe et qu’il y occupait successivement trois emplacements distincts côté épître, côté évangile et centre. Or la rénovation de la liturgie apporte deux modifications de grande importance d’une part, le célébrant ne se tiendra pratiquement à l’autel que pour la liturgie eucharistique qui se célèbre au centre ; mais, d’autre part, il faut prévoir dans la plupart des églises la possibilité de la concélébration : il pourra donc y avoir intérêt à ériger un autel moins long, mais plus large. Mais, comme toujours, on tiendra compte du style et des proportions du cadre architectural. Quant à la hauteur de l’autel, elle devra être calculée en tenant compte de la célébration face au peuple.[5]

Dans un lieu saint les abords immédiats de l’autel constituent le lieu le plus sacré[6]. Il existera au moins un marchepied le séparant du niveau des fidèles, non pas uniquement dans le but de le rendre plus visible mais également afin de le séparer du sanctuaire.

Seul le prêtre demeure en permanence sur le marchepied de l’autel durant la liturgie eucharistique ; ses ministres ne doivent y accéder que pour remplir un ministère et en descendre aussitôt.[7]

Selon une coutume et un symbolisme traditionnels dans l´Église, la table d´un autel fixe sera en pierre et même en pierre naturelle.[8] Mais on pourra utiliser pour sa structure ou pour la table un  autre type de matériau, du moment qu’il soit digne, solide et bien travaillé. On veillera à réaliser un volume harmonieux avec des lignes d’une grande sobriété.

Les Pères de l’Eglises non pas hésité à affirmer que le Christ fut la victime, le sacerdoce et l’autel de son propre sacrifice. Dans l’épitre aux Hébreux Saint Paul décrit en effet le rôle de grand prêtre souverain du Christ[9] et l’Apocalypse de le présenter comme un agneau immolé[10].

L’autel est également la table du sacrifice et du banquet pascal. Sur cette table le prêtre, qui représente le Christ – in persona Christi Capitis -, reprend les gestes et les paroles du dernier repas du Christ avec ses disciples avant la passion et la crucifixion.

Les chrétiens, en se réunissant autour de l’autel, font donc mémoire du sacrifice pascal du Christ et rendent également grâce à Dieu en recevant le corps et le sang du Christ durant l’eucharistie.

L’autel est le centre de l’action de grâce qui s’accomplie dans l’eucharistie.

C’est à ce « centre » que sont ordonnés tous les autres rites de l’Eglise.

 

[1] Présentation Générale Du  Missel Romain, n. 296

[2] PGMR, N°299.

[3] CEL, Le renouveau liturgique et la disposition des églises, Directives pratiques, 1965, p.9.

[4] Piero Marini (Mgr.), Cérémoniaire des papes. Entretiens sur la liturgie avec Vincent Cabanac et Dominique Chivot, Bayard, 2007.

[5]  CEL, Le renouveau liturgique et la disposition des églises, Directives pratiques, 1965, p.10.

[6] Cérémonial des évêques, liv. I, c.12, n.16.

[7] CEL, Le renouveau liturgique et la disposition des églises, Directives pratiques, 1965, p.8.

[8] PGMR, n. 301.

[9] Epitre aux Hébreux, 4, 14 ; 13, 10.

[10] Apocalypse de Saint Jean, 5,6.

[a] PGMR, N°259.

[b] Pie XII, Enc. Mediator Dei et hominum

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