L’orientation vers l’est, nous l’avons vu, fut mise en rapport avec le « signe du Fils de l’Homme », la Croix, qui annonce la seconde venue du Seigneur. L’est fut ainsi relié très tôt avec le signe de la Croix. Là où l’orientation commune vers l’est n’est pas possible, la Croix pourrait servir d’ « est intérieur ». Elle devrait se trouver au milieu de l’autel et représenter le point focal commun pour le prêtre et les fidèles en prière. Nous obéirions ainsi à l’antique injonction qui inaugurait la liturgie eucharistique : Conversi ad Dominum – « Tournez-vous vers le Seigneur ». Ainsi nous regarderions ensemble vers Celui dont la mort a déchiré le rideau du Temple, Celui qui pour nous se tient devant le Père, et nous prend dans ses bras pour faire de nous le nouveau Temple vivant.
Le Cardinal Joseph Ratzinger dans son livre L’Esprit de la Liturgie, écrit en l’an 2000 : « Je compte parmi les manifestations les plus absurdes des dernières décennies d’avoir mis la croix de côté pour libérer la vue sur le prêtre. La croix est-elle gênante pendant la messe ? Le prêtre est-il plus important que le Seigneur ? On devrait remédier à cela le plus vite possible, cela ne requiert d’ailleurs aucune nouvelle transformation. Le Seigneur est le point de référence. Il est le Soleil levant de l’histoire. C’est pourquoi il pourrait s’agir aussi bien de la Croix de la Passion, signe du Serviteur souffrant, au flanc transpercé d’où s’écoulent pour nous le sang et l’eau – l’eucharistie et le baptême – , comme de la Croix glorieuse qui, évoquant le retour du Christ, dirige notre regard vers Lui. Car c’est toujours le même et unique Seigneur : le Christ hier, aujourd’hui et à jamais (He 13,8).[1]
Lorsque l’orientation de l’édifice ne permet pas de disposer l’autel à l’Est géographique. Il serait précieux de signaler la relation cosmique avec l’édifice physique en marquant la position de l’Est concrètement. Et de faire vivre cette réalité eschatologique.
Justement en y plaçant le tabernacle, ou la chapelle d’adoration-de semaine à cet emplacement.
Lorsque l’aménagement de l’espace ne permet pas de disposer le tabernacle, il est parfaitement possible aussi d’y placer une statue ou une icône de la Vierge Marie, Mère de Dieu, « Réjouis-toi Aurore du Soleil levant » chante l’Hymne Acathiste. Elle, le tabernacle vivant[2], qui présente le Christ au monde.
Lueur brillante et rosée qui suit l’aube et précède le lever du soleil ; moment où le soleil va se lever. L’aurore de la rédemption est celle de la joie ; de la délivrance, de la nouvelle création divine du genre humain, car Marie est l’aurore du Christ.
[1] Cardinal Joseph Ratzinger, L’Esprit de la Liturgie Chapitre Chapitre trois. Autel et orientation de la prière, Ad Solem, 2001, P.70
[2] BENOÎT XVI , ANGÉLUS, Dimanche 25 mai 2008