Le baptistère et la fontaine baptismale
Quand les premières communautés chrétiennes ont commencé à baptiser loin du Jourdain, elles ont creusé dans le sol des bassins (le monde gréco-romain en regorgeait, et les modèles étaient sous la main) pour y plonger le baptisé qui y descendait d’un côté pour en remonter de l’autre, afin de signifier clairement le passage par lequel il s’engageait à la suite du Christ. Le plus souvent lobé ou en forme de croix, toujours en contre-bas, il était le lieu où s’accomplissait la mort et la résurrection de l’homme nouveau. Le bassin est ensuite sorti du sol pour devenir une cuve. Quand on n’a plus baptisé que des bébés, la cuve s’est transformée en une vasque sur pied, ce qu’on appelle, d’un mot que les gens ne comprennent plus bien, les fonts baptismaux, Qui en effet peut encore y voir une fontaine ?[1]
Les trois rituels du baptême consécutifs à la réforme de Vatican II se font largement l’écho de cette longue et ferme tradition des Églises, aussi bien d’Occident que d’Orient, concernant la notion d’« initiation chrétienne » et la dynamique qui va du baptême vers l’eucharistie. Dès le premier numéro des Préliminaires présentant chacun des trois rituels du baptême, on lit en effet : « Par les sacrements de l’initiation chrétienne, les hommes délivrés de la puissance des ténèbres, morts avec le Christ, ensevelis avec lui et ressuscités avec lui, reçoivent l’Esprit d’adoption et célèbrent avec tout le peuple de Dieu le mémorial de la résurrection du Seigneur » ; et au numéro 2, après avoir précisé la nature de chacun des trois sacrements concernés, on conclut : « C’est ainsi que les trois sacrements de l’initiation chrétienne s’enchaînent pour conduire à leur parfaite stature les fidèles qui exercent pour leur part, dans l’Église et dans le monde, la mission qui est celle de tout le peuple chrétien ».[2]
« Le baptistère, c’est-à-dire, le lieu où jaillit la fontaine baptismale ou bien où se trouvent les « fonts baptismaux », doit être réservé à la célébration des baptêmes. Il doit avoir la dignité qui convient au lieu où les chrétiens renaissent de l’eau et de l’Esprit Saint. »[3]
Le baptistère et la fontaine baptismale sont traditionnellement situés à proximité de l’entrée de l’église. C’est le meilleur emplacement pour ce sacrement qui introduit le catéchumène[4] dans la communauté des chrétiens.
Le parcours de l’initiation chrétienne mène du baptistère (fontaine) vers l’eucharistie (l’autel). Ce lieu ne doit en aucun cas prévaloir sur celui de l’autel.
Il est indispensable de prévoir un lieu pour le baptême avec un baptistère distinct de la nef ou lié à celle-ci. Il est préférable de ne pas confondre le lieu du baptême et la fontaine baptismale avec l’espace du sanctuaire ou la place des fidèles. Les font baptismaux doivent permettre, selon les normes liturgiques, la célébration du baptême est possible par immersion sinon par aspersion :
« On peut légitimement employer soit le rite de l’immersion qui signifie plus clairement la participation à la mort et à la résurrection du Christ, soit le rite par lequel on verse l’eau sur la tête. »[5]
Le choix de l’emplacement du baptistère peut également mettre en exergue son lien avec celui de la réconciliation – confession – car la rémission des péchés lors du sacrement de la réconciliation rénove la grâce reçue durant le sacrement baptême.
Ce lieu doit favoriser la participation communautaire à la célébration du baptême que ce soit celui d’enfant ou d’adultes. L’ensemble des espaces de l’église sont utilisé lors du baptême : le narthex et la porte lors du rite d’introduction, la nef et l’ambon pour la liturgie de la parole et le sanctuaire pour le rite de conclusion. Le nombre de personne qui sont présent autour de la fontaine baptismale peut être assez réduit selon les indications données par le livres des rites (le baptisé, les parrains, les parents et le célébrant). Il est cependant important que le lieu soit en communication spatiale, soit visuelle soit acoustique, avec celui de l’assemblée.
« Si le baptistère est agencé comme une source d’eau vive, on bénira l’eau qui jaillit de cette fontaine »[6]
La fontaine baptismale peut être équipée de l’eau courante, c’est l’eau jaillissante de la source qui servira, dans ce cas au baptême. Il est alors important de traiter la cuve et la source avec tout le confort et l’hygiène nécessaire tout en conservant la dignité de l’aspect de l’eau bénite lors baptême.
[1] Jean-Pierre Allouchéry, CDAS de Versailles, et Isabelle Renaud-Chamska, Chroniques d’art sacré n°44, 1995
[2] Louis-Marie Chauvet, Curé de paroisse dans le diocèse de Pontoise et professeur émérite à l’Institut catholique de Paris, Revue Chroniques d’art sacré, n°69, p 6-9.
[3] Rituel du Baptême des petits enfants, n°25
[4] . Un catéchumène est dans la tradition chrétienne une personne qui n’est pas encore baptisée, mais qui s’instruit pour le devenir.
[5] Rituel du Baptême des petits enfants, n°22
[6] Rituel du Baptême des petits enfants, n°21