L’espace de la célébration

Geste, parole, espace, temps et ordre[1]

Dans la liturgie, les gestes sont toujours accompagnés de la parole. Tout se déroule, comme dit le Concile, per ritus et preces, des rites et des prières éclairés et vivifiés par la parole (cf. SC 48 ; 21 ; 59 ; 7 ; 24). La parole et le geste ont cependant besoin, tous les deux, de temps et d’espace. Le Verbe fait chair a eu besoin de temps et d’espace pour ses gestes de salut. La liturgie est l’espace dont le Christ a besoin pour s’exprimer, et le temps qui lui sert pour se raconter.

Mais, dans la liturgie, l’espace et le temps sont soumis à la règle de l’ordre. De par sa nature, la liturgie exige l’ordre.

Dans son épître aux Thessaloniciens[2] ainsi que celle aux Corinthiens[3], Saint Paul explique comment tout doit se passer « de manière à édifier […] dignement et dans l’ordre[4]».

Il n’y a pas en effet de liturgie sans indication données par les rubriques, c’est-à-dire sans les indications de l’Eglise. Cela est attesté depuis les plus anciens textes liturgiques.

La beauté de la liturgie est donc le fruit de l’ordre. La quasi-totalité des livres de la réforme liturgique comportent comme premier mot tu titre le mot ordo. L’ordre requis par la liturgie concerne diverses réalités : le temps, l’espace, les relations avec les autres ; bien plus, la liturgie exige aussi de l’ordre en nous-mêmes.

 

 L’espace de la célébration[5]

La liturgie a besoin d’un espace. Elle aussi, la dernière Cène, a été préparée avec soin : «  Le Maître te fait dire : où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? » (Mc 14,14). Il existe des témoignages de cette exigences depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours : les premières synagogues syriennes devenues églises, les églises syriennes, les basiliques constantiniennes, les basiliques romanes, les églises gothiques, les églises baroques, etc. La liturgie a en effet besoin d ‘un lieu où la communauté, la domus ecclesiae, se rassemble ; elle prévoit des mouvements processionnels et des haltes ; elle a besoin de lieux pour la célébration à l’intérieur même de la domus ecclesiae : les fonts baptismaux, l’ambon, l’autel, le siège du célébrant.

Icônes et éléments décoratifs[6]

Nous avons déjà fait allusion aux lieux de la célébration : les fonts baptismaux, l’ambon, le siège du célébrant et l’autel, dans leur relation avec l’espace du lieu de célébration. Selon moi, ces lieux ne sont pas seulement des éléments requis par la célébration communautaire de la liturgie, mais une manifestation de l’Eglise et des icônes premières de l’identité chrétienne. En effet, la liturgie présuppose tant le sacerdoce commun des fidèles que la structure ministérielle voulue par le Christ dans son Eglise.

Dignité des lieux en dehors des célébrations

Les fonts baptismaux, l’ambon, le siège du célébrant et l’autel expriment le sein maternel où le chrétien est engendré par l’Esprit Saint, le milieu où il murit, le lieu dans lequel il vit la communion avec le Christ et avec ses frères. Ces éléments sont déjà en eux-mêmes une icône.

du grec : eikona, image
Au coeur de la prière et de la contemplation, l’icône en sa matérialité indique la présence du Christ vivant, elle est symbolique de la relation du croyant à Dieu.

 

[1][1]  UFFICIO DELLE CELEBRAZIONI LITURGICHE DEL SOMMO PONTEFICE, LITURGIA E BELLEZZA, Esperienze di rinnovamento in alcune celebrazioni pontificie, PIERO MARINI

[2] . Epître aux Thessaloniciens 5, 19-21.

[3] . Epître aux Corinthiens 14,26.

[4] . Première épître  aux Corinthiens 14, 26.40.

[5]  UFFICIO DELLE CELEBRAZIONI LITURGICHE DEL SOMMO PONTEFICE, LITURGIA E BELLEZZA, Esperienze di rinnovamento in alcune celebrazioni pontificie, PIERO MARINI

[6]   UFFICIO DELLE CELEBRAZIONI LITURGICHE DEL SOMMO PONTEFICE, LITURGIA E BELLEZZA, Esperienze di rinnovamento in alcune celebrazioni pontificie, PIERO MARINI

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