Ekklesia et Espace Liturgique
Après la réforme liturgique du concile Vatican II a eu lieu une réévaluation du modèle communautaire qui reprenait la définition d’église en tant que maison de l’assemblée des croyants :
« Le lieu dans lequel se réunit la communauté chrétienne pour écouter la parole de Dieu, pour élever vers Lui des prières d’intercession et de louange et, par-dessus tout, pour célébrer les saints mystères est une image spéciale de l’église, Temple de Dieu, édifié avec des pierres vivantes que sont les fidèles. C’est ainsi que l’édifice de culte chrétien correspond à la compréhension que l’Eglise, peuple de Dieu, a d’elle-même dans le temps.
Ses formes concrètes, qui varient au fur et à mesure des époques, sont des images liées à cette auto compréhension. Par conséquent, la conception et la construction d’une nouvelle église requiert, avant toute chose, que la communauté locale s’efforce de réaliser un projet ecclésio-liturgique correspondant aux souhaits du concile Vatican II, qui en synthèse exprime deux convictions : l’église est, mystère de communion et peuple de Dieu en pèlerinage vers la Jérusalem Céleste[1] ».
C’est donc à partir de l’assemblée convoquée – l’ekklesia – que se dessine l’espace liturgique qui s’articulera en fonction de la diversité des actions rituelles et des rôles de l’organisme vivant qu’est l’assemblée.
« Dans la liturgie terrestre, nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem à laquelle nous tendons comme des voyageurs, où le Christ siège à la droite de Dieu, comme ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle [2]».
La première moitié du XX° siècle et la période postconciliaire ont été caractérisées par des expérimentations d’orientations nouvelles de plans, sans avoir pour autant de typologie précisément établie. Chaque expérimentation se donnait comme objectif de favoriser la participation active des fidèles et de donner plus de centralité à l’autel. Mais de nombreux résultats n’étaient pas en harmonies avec certaines exigences liturgiques, de nombreux choix étaient fait de manière arbitraire dans leurs implantations formelle : des plans rectangulaires, ou carrés, carrés en diagonale, triangulaires, triangulaires arrondis, elliptiques, circulaires avec l’autel au centre ou en périphérie, etc. Certain édifices sont devenu des expressions de l’originalité du concepteur plus que de la communauté qui y célèbre. [3]
Certains projets d’église possèdent une grande valeur architecturale. Ils sont remarquables de par leurs caractéristiques par la disposition de l’assemblée et son rapport avec les lieux de la célébration selon les souhaits formulés par la constitution sur la liturgie Sacrosanctum Concilium de Vatican II.
Le sujet de l’orientation d’un édifice de culte a perdu aujourd’hui son sens en tant que simple orientation symbolique facilement compréhensible par tous, mais l’orientation revêt à présent un sens de tenseur et de facteur de participation.
Le placement de l’assemblée détermine une orientation, non seulement géométrique mais aussi symbolique et fonctionnelle.
[1] CEI, Commissione episcopale per la liturgia, La progettazione di nuove chiese 1, in Notiziario CEI 3, 1993.
[2] Constitution sur la Sainte Liturgie : Sacrosanctum Concilium, n.8.
[3] Franco Magnani, nuove realizzazioni : esempi internazionali. Analisi liturgica e architettonica, Spazio Liturgico e Orientamento, Edizioni Qiqajon, 2007, p. 39-60.